Héritage social et jeunesse


En brève introduction, nous soulignerons le fait qu'un être vivant civilisé ne peut se créer de lui-même et qu'il est donc forcément soumis à un ensemble d'influences formant ce que l'on nomme l'héritage social. Malgré ce fait indéniable, il est tout à fait légitime de se poser la question suivante : dans quelle mesure notre héritage social nous influence-t-il ?

 

Nous admettrons dans l'ordre qui suit deux types d'influences : d'abord indirectes, qui agissent en amont sur l'individu, bien souvent à son insu, puis directes, qui soumettent en aval l'individu à une série de codes et de manières déterminées. Enfin, nous analyserons les manières dont ces influences sont remises en cause, voire réfutées.

 

I. Tout d'abord, il est inéluctable qu'une pression directe et généralement volontaire soit opérée sur un jeune.

 

a) Les générations plus anciennes ont gagné leur place dans la société et peuvent décider de l'insertion des jeunes dans certains milieux. Ainsi, le sociologue Louis Chauvel affirme que ces générations empêchent volontairement les jeunes d'agir politiquement afin de préserver leurs acquis, alors que les difficultés des nouvelles générations pourraient être amoindries. Ce phénomène est amplifié par le contexte d'une France vieillissante. (doc 1)

 

b) Par suite, l'éducation donnée par cette génération est fort impactante. En effet, c'est l'action de celle-ci sur la nouvelle génération qui va générer ce que l'on nomme l'« éducation ». Elle a pour but de créer en chaque jeune un être social pouvant jouer un rôle au sein d'une société afin de la faire perdurer et évoluer. (doc 4) Ce protocole va être en premier lieu appliqué par la famille de l'enfant : en faisant de lui un membre de cette famille à travers certains rituels spécifiques elle lui apprend un premier sentiment d'appartenance. Ce sentiment sera ensuite développé à plus grande mesure au sein d'écoles, elles aussi choisies par les parents. (doc 5) En tant que première influence, la famille va notamment apprendre à l'enfant une série de gestes qui traduiront sa culture et ses origines : manger avec des baguettes ou des couverts, se tenir droit ou avachi, etc... (doc 6)

 

c) Nous pouvons par extension déclarer qu'il y a une emprise du diplôme obtenu par un jeune sur son devenir. Le type d'études choisi par un élève après le socle commun (lycée professionnel, classe préparatoire...) va conditionner non seulement sa vision du monde, mais également la vision que le monde aura de lui. (doc 1) On considérera alors que ce n'est plus l'hérédité mais la fonction future d'un jeune qui va déterminer son éducation. (doc 4)

 

 

d) Cependant, il peut arriver qu'une jeune génération subisse un héritage historique lourd ne lui permettant aucune autre influence que celle d'un régime totalitaire formatant son esprit à son profit. Cette intrusion de l'Etat dans la formation privée des jeunes représente une influence non seulement directe, mais surtout omniprésente car elle est la seule en règle partout dans la société qui la subit. (doc 7)

 

II. Nous sommes également assaillis d'influences indirectes, qui agissent sur nous sans que nous ne nous en rendions forcément compte.

 

 

a) Tout d'abord, une génération peut prendre des décisions nécessaires ou intéressantes dans l'immédiat, mais dont il n'est pas toujours possible de mesurer les conséquences futures. Indirectement, une première génération peut donc avoir une responsabilité sur le contexte de la suivante, en choisissant par exemple de favoriser l'industrie plutôt que le domaine agricole, et générer un « effet cicatrice ». (doc 1)

 

b) Il est donc évident que chaque génération se forme dans un contexte différent, qui va donc agir différemment sur chacune. Ainsi, les baby-boomers ont connu l'opulence, la génération suivante l'effondrement des idéologies tandis que celles d'après ont un rapport très restreint à la guerre et voient le danger ailleurs (sida, troubles écologiques). Ces différences donnent lieu à une incompréhension mutuelle, voire à une mésentente entre les générations. (doc 3)

 

c) L'Etat est donc ici indispensable afin de redonner de la cohésion à la société. Il va servir de substitut et de guide aux familles dans l'éducation de leurs enfants, afin d'obliger l'action pédagogique en un sens social et limiter les conflits générés par la multitude de croyances particulières. Il a pour but d'intégrer des principes communs à tous tels que la morale démocratique par exemple, ou bien la signification des mots et les comportements qu'ils doivent engendrer. (doc 5 et 10)

 

d) Néanmoins, nous rencontrons des difficultés spécifiques à des milieux : jeunesses rurales/périurbaines/ZUS... D'une caste à une autre, l'éducation varie. On peut donc affirmer qu'il existe autant d'éducations que de milieux sociaux. (doc 4) C'est ainsi que l'on peut assister à une élévation sociale sélective. (doc 2 et 9) En effet, l'enfant va inconsciemment intégrer une gestuelle et un langage propres à son milieu social, dont il lui sera plus difficile de se défaire. (doc 6 et 10)

 

 

e) Pour finir, la mondialisation élargi encore les possibilités offertes par ces influences. Nous avons par exemple conscience des inégalités territoriales sur plusieurs échelles de comparaison. Mais il est également possible de développer certaines idées en apprenant l'histoire de divers pays, ou simplement en étant ouvert à leur musique, à leurs films, etc... (doc 1)

 

III. Cependant, il y a des réticences à ces modes d'héritage, des limites pouvant parfois les faire mentir.

 

a) Concrètement, bien qu'ils puissent les entretenir, les difficultés présentes ne naissent par uniquement des « vieux ». Il est important de souligner le fait que le revenu moyen des retraités est gonflé par les bénéficiaires aisés des années 40, mais qu'il n'est pas représentatif du retraité moyen, lequel fait face aux mêmes difficultés que la jeunesse. (doc 1)

 

b) De plus, malgré leur exclusion politique, les jeunes ne restent pas passifs et manifestent notamment contre leur précarité (doc 1) ou encore contre leur héritage historique (doc 8). De plus, la mondialisation peut également nourrir ce sentiment de révolte en comparant un système en crise avec un système étranger plus fonctionnel, réduisant ainsi l'impact d'un pays sur sa population. (doc 3)

 

c) Si la révolte n'est pas possible mais que l'héritage reçu n'est pas acceptable, on peut observer de violents traumatismes pouvant mener à un repli total sur soi-même. (doc 7)

 

 

d) Enfin, un héritage social en tant que tel, ne saura jamais offrir une quelconque homogénéité ou égalité absolue au sein d'un peuple. Il sera différent pour tous, car la civilisation humaine est faite de diversité. Autrement, il nous faudrait redevenir une troupe grégaire, voire animale. (doc 4)

 

 

En conclusion, nous dirons que notre héritage social actuel en Europe nous permet de limiter la reproduction sociale, mais que l'importance du contexte familial reste une contrainte dont il est presque impossible de se défaire. (doc 1) Ainsi, les jeunes actuels sont plus libres, mais restent comme retenus par un élastique qu'ils tendent avec difficulté. La jeunesse est assaillie par une multitude grandissante d'influences, les facteurs historique et géopolitique sont de plus en plus dur à porter. Il lui faut désormais assumer un héritage social qui veut mêler tradition et évolution. Nous apprenons de nos erreurs passées, mais l'ensemble des générations n'est pas encore prêt à avancer d'un même pas.